jeudi 12 octobre 2017

Quand un enfant de Massac transforme ses victoires sur un terrain en victoires de la musique







« On voulait tous s’appeler Michel ! »

, l’ancien leader de Louise Attaque, se passionne pour le football et apprécie le sens du collectif. Symbolisé par le joueur qui l’a fait rêver, ado : Michel Platini.


Gamin, il était fasciné par le jeu de défense du tennisman Ivan Lendl. Si Gaëtan Roussel portait le célèbre maillot à losanges multicolores du Tchécoslovaque, c’est sur le rectangle vert des terrains de foot qu’il s’adonnait à sa passion. Désormais passeur d’émotions par la musique, l’ancien leader de Louise Attaque, quarante-deux ans, reste amateur de ballon rond, appréciant plus la passe altruiste que l’exploit individuel.

« ENFANT, vous rêviez d’une carrière de footballeur ?
– J’ai dû croiser un ballon à sept ans, bien avant de toucher une guitare. Ma première licence, c’était en poussins, au Marssac FC dans le Tarn. On jouait le mercredi et, le dimanche après-midi, on allait encourager l’équipe première. La star du club s’appelait Jean-Claude Un, on voulait tous être lui ! En pupilles minimes, j’ai fait partie de la sélection du Loiret. Mon fait de gloire, c’est un très beau but de la tête contre mon camp ! Hélas, je n’ai pas réussi à atteindre le cran supérieur et à être retenu dans l’équipe du Centre. À quinze ans, j’ai découvert la guitare et j’ai fini par ranger le ballon.







Quel était votre poste de prédilection ?
– Milieu. J’aimais bien cet endroit du terrain, faire des passes, participer à la construction du jeu… Il existe de vrais ponts entre le foot et la musique, notamment le rapport au collectif. Dans un groupe, quelqu’un arrive avec une idée, elle est modifiée par les autres musiciens et chacun se la réapproprie pour aller de l’avant. Au foot, c’est la même chose : j’aime quand les gens jouent les uns pour les autres. S’ils jouent les uns à côté des autres, ç’a du mal à avancer. On le voit avec le PSG cette saison.

 Quels sont vos joueurs de référence ?
– Forcément Michel Platini et cette génération des années 1980 qui m’a fait rêver. On voulait tous s’appeler Michel ! J’appréciais aussi le jeu enchanteur du Brésil de Socrates, qui n’a hélas rien gagné. Ado, je suivais ça de près. Il y avait très peu de foot à la télé. Le dimanche après-midi, on ne ratait pas Stade 2 , c’était la petite fenêtre où on voyait les buts. Je collectionnais aussi les albums Panini, mais je ne crois pas en avoir terminé un seul. D’ailleurs, est-ce que quelqu’un a déjà réussi ? Tu n’arrivais jamais à trouver les dernières vignettes, il fallait les commander et ça coûtait un bras !

Le 12 juillet 1998, comment avezvous vécu la finale France-Brésil ?
– Avec Louise Attaque, on devait jouer au Festival de Dour, en Belgique. Mais notre car est tombé en panne sur la route. On a été dépannés trop tard pour arriver au concert dans les temps. Du coup, j’étais rentré dans mon petit appartement parisien, où une soirée était organisée pour le match. Dour a longtemps cru qu’on n’était pas venus exprès, parce qu’on ne voulait pas rater la finale. En 2006, on était à un concert à Aix-les-Bains. Le festival s’était arrêté le temps de la finale ( France-Italie, 1-1,3-5 aux t.a.b .) et on a joué après. Ce n’était pas simple car la défaite des Bleus avait pompé pas mal d’énergie.

L’exploit individuel est souvent davantage mis en avant que le collectif. Ça vous chagrine ?
– Si ça tire l’équipe vers le haut, je prends. Lionel Messi, c’est un sacré joueur. Mais j’aime beaucoup cette phrase d’Éric Cantona qui dit que son plus beau but, c’est une passe. Je suis sensible à cet altruisme. Je garde en mémoire une passe somptueuse de Platini pour Boniek avec la Juve contre Bordeaux en Coupe d’Europe (3-0 en demi-finale aller de la C 1 1985) . C’était la vista, cette vision du jeu qui donne le petit temps d’avance pour être dans le bon rythme.

Vous êtes ami avec Jocelyn Gourvennec, l’entraîneur de Guingamp…
– En décembre, on a échangé quelques textos après leur belle semaine où ils se sont qualifiés pour les 16 es de finale de la Ligue Europa et où ils ont battu le PSG en L 1 (1-0) . J’apprécie son discours et sa vision de coach : quoi dire, quand et comment, pour donner confiance à ses joueurs et tirer son groupe vers le haut, alors qu’il a moins d’individualités que certaines équipes.

Êtes-vous un grand consommateur de foot ?
– Je m’en étais un peu éloigné dans les années 1990, j’y reviens grâce à mon fiston, qui me renvoie à ma propre jeunesse. Il m’a eu, il m’a fait prendre un abonnement à beIN Sports. Ça m’a rappelé le temps où j’avais épargné pour me payer le décodeur Canal +. J’ai eu mon moment passionné de
L’Équipe du dimanche avec Thierry Gilardi, j’aimais bien aussi le style de Thomas Thouroude. Cette saison, avec mon fils et mon frère, on s’est abonnés au Parc des Princes. L’ambiance te porte, même si je n’y vais pas aussi souvent que je le souhaiterais.

Avec le recul, échangeriez-vous vos Victoires de la musique contre un Ballon d’Or ?
– Ah non, ces Victoires, ça me touche, c’est de l’énergie pour continuer. Je ne vois pas la musique comme une compétition. Dans le sport, il faut absolument arriver premier ; en musique, c’est déjà super d’arriver et de pouvoir proposer au public ce que l’on fait. Pour un footballeur, ça doit être terriblement fort d’entrer dans un stade plein, mais j’ai eu la chance de monter sur scène. J’ai essayé de faire des passes avec ma guitare, de dribbler un peu aussi… »

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